© Marco Guariglia

Val et Théo, une amitié en bleu, blanc, rouge…

À l’image de la génération 2014, championne du monde junior avec des Hugo Vitou, Clément Bélot, Simon Demars ou bien Alexandre Gaboriau, la génération championne du Monde 2017 prend tout doucement ses marques au sein de l’équipe de France senior. 

En 2018, Joan Kerkhove rejoignait les tricolores en Italie et finissait vice-champion du monde. L’an dernier en Espagne, c’était Enzo Renou qui faisait son premier mondial senior marquant à deux reprises sur les 6 matchs.

Cette année marque un changement important pour l’Equipe de France, qui voit le départ de 4 de ses joueurs et non pas des moindres. Les départs et les arrivées font partie de la vie d’un collectif France, mais cette année la donne change un peu.

Les Roller Games 2019, terminés à la troisième place pour l’Equipe de France, signaient la fin de carrière pour Renaud Crignier et Pierre-Yves Albert. Outre ces deux départs, Antoine Rage et Karl Gabillet (capitaine) ont eux, décidés de mettre en pause leur avenir avec les bleus. Une décision, mûrement réfléchie et qui impose à Geoffroy Tijou, sélectionneur, de composer avec de nouveaux joueurs. 

Les stages de préparation en vue du prochain mondial en Colombie, sont des moments parfaits pour évaluer les joueurs en plus du cours de leur saison. Et cette année, deux nouveaux visages ou presque, font leur apparition…

Théo Faucherand et Valentin Gonzalez. 

Au-delà de leur indéniable niveau de jeu, pour ceux qui ont arpenté les terrains à travers la France et qui les connaissent, leur amitié est sans nul doute exceptionnelle et rappelle deux autres joueurs français, connu sous le nom de Lambiche et Théo…

Malgré la distance actuelle entre Caen et Grenoble, les deux restent toujours aussi « connectés ». Si ce n’est pas au téléphone une fois par jour, c’est à travers les jeux vidéo que les deux se parlent autour d’une partie de Fortnite ou autre.

Ensemble depuis l’âge de 14 ans, la paire ne s’est jamais vraiment quittée et a fait des dégâts sur tous les terrains par lesquels ils sont passés.

Champion de la Coupe des Ligues 2015, champion d’Europe 2016, médaillé de bronze au Championnat d’Europe 2017, Champion du monde 2017, puis une carrière junior finit à la 4e place au Championnat du Monde 2018 à Roana,  Champion Juggernaut 2019 à State Wars, ensemble, ils ont tous connu et ont partagé leurs plus beaux titres à deux. 

 

Force est de constater, que leur aventure n’est sans doute pas encore finie, et il se pourrait que cette année ou dans un avenir bien proche, les deux puissent rendosser à nouveau ensemble le maillot de l’Equipe de France.

 

Première rencontre à Montchavin

Le duo magique s’est rencontré pour la première fois en benjamin sur un plateau demi-finale à Montchavin. À cette époque, Théo joue pour Varces, Valentin pour Nice-Montchavin. La confrontation voit les deux défenseurs s’affronter shift après shift. Théo, pas impressionné par le gabarit de Valentin à l’époque, se souvient surtout de son niveau de jeu. 

« À l’époque, il était petit et un peu gros et il avait les cheveux longs… à part jouer, je ne m’intéressais pas au sport et du coup je ne le connaissais pas du tout, et en demi-finale, il a mis un slap du milieu de terrain, un missile, qui a fini en mode transversale, sol et qui rentre… J’ai regardé mon père, j’étais choqué. »

Valentin se souvient de cette même demi-finale comme leur première rencontre. Malgré ne pas l’avoir « calculé », la seule chose qu’il retient, ce sont les deux grands de Varces, Baptiste Gagnard et Théo Faucherand, qui étaient trop fort et marquaient presque tous les buts.

Ennemies d’un jour, les deux deviennent coéquipiers pour la première fois en passant les premiers stages de la Ligue Rhône-Alpes en vue de la Coupe des Ligues Minimes. Une saison où Rhône-Alpes a survolé la compétition.

« On est devenu pote, quand on est arrivé dans l’équipe de Ligue. Cette année, on avait un vrai groupe (Lucas Lascoux, Louis Vittou). Ça a commencé avec les stages et on avait une équipe au-dessus de tout le monde, se souvient, Théo. On gagne en finale 9-1, c’était juste dingue. De là, on s’est tout de suite bien entendu avec Valentin, et on s’est suivi tout le long. On a fait les Interzones et les premiers stages EDF, et de cette équipe Rhône-Alpes, on est les seuls à être resté ensemble. »

Même son de cloche pour Valentin qui rajoute, « on ne s’est jamais quitté depuis la CDL. On a fait les championnats d’Europe U18 ensemble, les mondiaux ensembles, toujours dans la même chambre et sur la même ligne, et même là quand on parle de sénior, on espère être encore ensemble. On est passé par les mêmes étapes et on progresse tous les deux donc c’est super cool. »

 

 

© Marco Guariglia

Le point culminant de cette jeune carrière restera sans aucun doute Nanjing et les premiers Roller Games. À la fin d’un voyage à l’autre bout du monde, les deux sont devenus Champion du Monde Junior de Roller Hockey en disposant de l’Espagne.

« C’était la folie, on était tout le temps tous les deux, à manger et penser pareil, nous dit Valentin. » Un moment magique et une consécration, que Valentin se tatouera sur le bras.

Comme pour sa moitié, Théo pense tout de suite à la Chine comme étant l’un des meilleurs moments. « On était dans la même chambre, et tout le temps tous les deux, c’était juste fou. »

 

Un Parcours personnel différent…

Valentin à Caen

Si les deux ont connu une carrière EDF commune, riche en émotion et en titres, les deux se distinguent par une carrière en club différente. Suite à la saison 2015/2016, Valentin profite d’avoir de la famille sur Caen et fait le choix de rejoindre les Conquérants de Caen pour conjuguer roller hockey et études.

Un choix qui sera payant pour le jeune défenseur. Dès sa première année à Caen, le niçois intègre la N3 et l’Elite en entraînement et en parallèle, domine en Cadet et promet en Junior. Les Conquérants sont sacrés champions de France Junior Excellence en 2017, puis vont toucher la consécration avec le titre Junior Elite en 2018, battant en finale une certaine équipe de Grenoble (avec Théo Faucherand dans les rangs). Valentin fera partie intégrante de ces deux titres.

Son intégration en Elite se fait en 2017/2018. Lors de cette saison, Valentin jouera 6 matchs de N2, mais surtout, 9 matchs de Ligue Elite, 2 matchs de playoffs ainsi que 4 matchs de Coupe de France, dont la demie à Carpentier ! Une saison riche qui comme dit plus-haut se finira par un titre national Junior Elite.

C’est en 2018/2019, que Valentin va s’affirmer dans la Ligue Elite. Avec la blessure d’Antoine Rage lors des Playoffs 2018, Valentin gagne en temps de jeu et va en profiter pour apprendre et gagner en confiance. Sa première saison complète en Elite se finira par 12 points engrangés, 7 buts et 5 assistances. Un début prometteur pour le Niçois.

© Jeremy Cordier

Théo à Varces puis Grenoble

En Isère, Théo ne fera pas le choix de l’Elite tout de suite. Attaché à son club de formation et d’enfance, il restera à Varces deux saisons de plus en senior. En 2017, les Frelons échoueront en quart de finale. Une année, où il va faire forte impression en inscrivant 14 points en 13 matchs joués lors de cette saison. C’est en 2018, où la Fauche goûtera à son premier titre national depuis la Coupe des Ligues. Varces ira jusqu’au bout du championnat N2 pour remporter les honneurs contre Cholet. Une phase finale où Théo inscrira 4 points pour 3 buts et 1 assistance.

Malheureusement pour lui, l’épopée varçoise s’arrêtera là. L’équipe prendra la lourde décision de refuser la montée. Alors que Théo se faisait une joie d’évoluer en Nationale 1, il fait le choix de quitter son club pour rejoindre les Yeti’s Grenoble, l’équipe Elite de la région et surtout qu’il avait déjà rejoint en Junior la saison précédente.

2018/2019 signe sa première saison en Elite. Malgré un premier but dès son premier match, il ne retrouvera plus le chemin de la feuille de match. En phase d’apprentissage, Théo reçoit tout de même une convocation pour janvier 2019 au stage de préparation de l’Equipe de France. Malheureusement, le varçois subit une blessure au dos lors de la Journée 10 contre Rethel l’immobilisant pendant presque deux mois et le mettant forfait pour le stage.

© Philippe Durbet – Metro-sport

 

Une convocation presque inattendue…

Les deux frères d’amitié ont cette saison pris le pas dans la bonne direction et font maintenant totalement partie de leur groupe Elite respectif. Si l’Equipe de France, n’était qu’une pensée et un objectif lointain, leurs convocations arrivent comme de beaux cadeaux de Noël.

« Honnêtement, je ne m’y attendais pas… Déjà, l’année dernière, c’était dingue de recevoir la convocation, explique Théo. Même si ce n’est qu’un stage, je sais aussi que ça n’a rien d’officiel. Je reste choqué honnêtement. C’est une grande fierté. »

Réaliste et terre-à-terre, Théo sait qu’il lui reste encore beaucoup à apprendre. « Je me sens tellement loin de ce niveau-là… J’ai encore beaucoup de choses à apprendre et j’apprends tous les week-ends. J’espère que ça va continuer encore longtemps. Ce sont ces moments là qui me motivent. Les stages me motivent à me dépasser aux entraînements et aux matchs. Et puis là, y être avec Valentin, c’est le pompom sur la Garonne. »

De son côté, Valentin s’est préparé à cette éventualité et a tout donné pour.

« Cette année avec les départs, je savais qu’il y avait une possibilité et je me suis donné à fond pour y être. Cette préparation, j’y pensais déjà l’année dernière vis-à-vis de cette année. Je savais que je n’avais pas le niveau, mais j’ai travaillé pour y arriver. À Caen, on en parlait et les gars comme Théo (Fontanille) et Baptiste (Bouchut) m’ont fait travailler dans ce sens. Je suis super content, c’est le premier stage, mais je sais aussi que ça ne veut rien dire. Je dois faire mes preuves. »

Si Valentin est sous l’aile de Théo Fontanille et de Baptiste Bouchut, Théo a la chance d’observer Lambert Hamon et Jolan Mogniat-Duclos à tous les entraînements et en-dehors.

« Ils ne sont pas derrière moi, mais c’est une vraie source d’inspiration. Je les vois faire, ce sont de gros travailleurs et je m’inspire d’eux. »

 

Perfectionnistes

Valentin, dans sa troisième saison, assoit de plus en plus son jeu. Dominant et en confiance sur le terrain, il se permet de plus en plus d’initiatives offensives, qui des fois peuvent lui faire défaut.

« Je prends beaucoup de plaisir à jouer avec Julien (Couraud) en défense. C’est cool d’être avec lui. Cette saison, Anthony me fait vachement confiance donc ça aide beaucoup. Après, je sais très bien que je peux faire mieux. Pour autant, je ne suis pas déçu, mais je peux encore progresser. J’ai quelques phases, où je me vois trop fort ou comme le sauveur et je fais une bourde… Le point positif, c’est que je suis beaucoup plus serein que l’an dernier, notamment face à Rethel par exemple, confie Valentin. »

Théo lui voit le verre à moitié plein…

« Après une première année compliquée, je pensais que ça irait mieux… Je voulais vraiment montrer ce dont j’étais capable cette année. Malgré tout, je ne suis pas assez content de moi. Je ne suis pas au niveau que je veux pour pour l’équipe et pour moi. Je ne suis pas encore convaincu par ce que je produis. Je me donne à fond aux entraînements et à l’extérieur, mais je reste un peu déçu de moi… »

Pourtant, il se réjouit de l’ambiance du groupe qui fait du bien. « Niveau collectif, je suis vraiment content. On a passé un palier cette saison. Ça reste un peu particulier, parce que Rebuffet m’a fait jouer attaquant. J’avais pas mal d’à priori. J’ai eu un peu peur par rapport aux stages EDF justement. Je savais que déjà pour la défense, c’était compliqué, mais, en avant c’était mort. Finalement ça s’est bien passé. J’avais un peu de mal au début, mais le système de jeu qu’on a, nous fait bien tourner. »

Malgré le switch à l’avant, Faucherand sera évalué pour un poste d’arrière lors du stage de janvier 2020.

 

Le mot du sélectionneur

Comme dit plus haut, cette année Geoffroy Tijou, sélectionneur de l’Equipe de France, doit composer avec 4 départs. 2 à l’avant et 2 à l’arrière. Une situation assez rare, mais l’occasion pour Bernard Séguy et lui de voir ce que la génération championne du monde 2017 a dans le ventre, 3 ans après le titre. Si Enzo Renou et Joan Kerkhove ont déjà montré leurs atouts et ont chacun goûté à un mondial, certains de leurs coéquipiers champions du monde 2017 ne sont pas forcément très loin à l’image d’un Marius Godano, ou bien de Lucas Discazaux.

« Théo et Valentin font partie de la génération Championne du monde 2017 et dans la même dynamique que Joan et Enzo, ils vont pouvoir jouer un rôle au sein de ce groupe. On voit que cette génération commence à pointer le bout de son nez, 3 ans après le titre.« 

© Marco Guariglia

L’expérience au mondial est une chose, mais la maturité acquise depuis 3 ans dans leurs équipes respectives est l’un des aspects importants dans le processus d’évaluation du sélectionneur. « Ils ont côtoyé leurs équipes premières. Ils ont pris en maturité, en responsabilité de jeu et on voit qu’ils font partis des joueurs français sur qui l’EDF compte et va compter pour cette année et les prochaines années, se réjouit Geoffroy. »

Avec une bonne moitié de saison en Ligue Elite, Tijou a fait son choix et a décidé d’évaluer les deux pour potentiellement remplacer les départs d’Antoine rage et de Pierre-Yves Albert. Une phase d’analyse qui se poursuivra avec le reste de la saison puis les autres stages EDF.

Sans doute dû à une expérience du haut-niveau en décalé, Geoffroy estime que Théo est encore trop discret et doit s’affirmer dans son jeu, même s’il reste conscient que sa saison en demi-teinte est en partie dû à son changement de position au sein des Yeti’s.

« Théo fait une saison plus discrète, notamment dû à son placement en avant. Il a dû prendre ses marques. On l’a sélectionné à l’arrière parce que c’est là qu’on veut le voir s’exprimer en EDF. Avec l’absence des américains à Grenoble, il a basculé de nouveau en défense, nous explique le sélectionneur, avant de continuer, Il a des qualités physiques importantes, un bon coup de patins, un bon gabarit et il est solide dans les duels. Il est un peu plus discret dans le jeu que Valentin et il va devoir se montrer au sein de l’EDF. Il doit faire valoir ses qualités, parce qu’il est bourré de talent, mais il va devoir prendre confiance et prendre ses responsabilités. Ils rentrent dans le groupe France pour progresser. »

« Pour Valentin, il a fait un très bon début de cette saison. Il a saisi une place importante avec le départ d’Antoine. On voit que c’est un joueur important à Caen. Il sent le jeu offensivement, on sent qu’il est en confiance. Il est explosif sur ses premiers appuis. Défensivement, il doit parfois canaliser son énergie pour être présent en défense et être plus responsable sur ses gestes défensifs. »

Ce premier stage, qui verra aussi un retour en France pour Marius Godano, sera composé de 7 joueurs (Lucas Discazaux vient remplacer Hugo Vitou blessé, ndlr) de cette génération championne du monde 2017.

 

L’amitié entre Valentin et Théo n’est pas prête de se terminer et se conjuguera sans aucun doute en bleu, blanc et rouge…

 

© Marco Guariglia
© Marco Guariglia
© Marco Guariglia
© World Inline Hockey
© Marco Guariglia/Roberta Strazzabosco – CERILH
© Frédéric Caspani - Yeti's Grenoble
© Frédéric Caspani – Yeti’s Grenoble

 

 

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