Daniel Brabec: Merci Garges

Maintenant 5 ans que je suis en France. Je me souviens de mon arrivée comme si c’était hier…

Pourquoi la France ?  Pourquoi Garges ?

Comme tout jeune tchèque, j’ai fait mes classes dans le hockey sur glace en idolâtrant le Jaromir Jagr des gardiens tchèques, Dominik Hasek. Après plusieurs saisons jeunesses aux quatre coins de la République Tchèque, et quelques expériences en Roller Hockey, notamment en Espagne et aux mondiaux, ma carrière a presque pris un virage à 180°.
En 2013-2014, après avoir fini ma saison avec le HC Pelhrimov, je me suis retrouvé dans une impasse avec aucune réelle opportunité de jouer dans les catégories au-dessus. Je ne faisais pas parti des espoirs des grandes équipes de la ExtraLiga et la concurrence était féroce. En plus, j’étais sans soutien financier quel qu’il soit. Seul mon père finançait mon rêve. Il m’a aidé comme il pouvait en me permettant de vivre convenablement en parallèle du hockey. La réalité était plutôt simple. Il était hors de question pour moi de continuer ainsi. J’avais trop peur de me réveiller à 35 ans avec un job pour lequel je n’avais aucun intérêt et jouer pour la même équipe et la même beer league et me dire: « J’ai raté ma vie ».

À cette époque, mon nom circulait déjà dans le monde du Roller hockey et avec aucune réelle opportunité en glace, j’ai pris le pari de tenter ma chance en roller. On est en août 2014. Je rentrais à peine de France et des Mondiaux à Toulouse.
Aujourd’hui, je me rends compte qu’août, c’est quand même très tard pour tenter de trouver un spot dans une équipe… J’ai quand même eu de la chance lol. Mon expérience espagnole était plutôt cool, mais je voulais tenter un niveau au-dessus et je savais très bien que seule la Ligue Elite proposait un niveau supérieur. Du coup, j’ai contacté 5 équipes et heureusement les 5 m’ont refusé, Rethel inclus…

Black Ghost

Un peu stressé, j’ai contacté la FMT avec qui je m’étais lié d’amitié à Toulouse. Ils ont essayé de m’aider comme il pouvait et puis après quelques jours, ils sont revenus vers moi en me parlant d’une équipe qui avait remporté le championnat N1 et qui du coup monté en Elite. L’équipe avait besoin d’un gardien et après plusieurs discussions au téléphone avec Erwann Rousseau, j’avais une offre quelques jours après. Le contrat était signé dans la foulée.

Août 2014, je suis officiellement un Tigre de Garges, et je m’apprêtais à vivre ma première saison en France.

Le hasard fait bien les choses, il paraît. Alors que j’annonce la nouvelle à un de mes amis, il m’annonce que lui aussi a prévu de jouer en France. Forcément, je me dis: « pourquoi pas jouer ensemble ? » L’idée gamberge et deux, trois discussions plus tard avec Erwann et les Tigres, et ce même ami devient officiellement mon coéquipier. Je parle bien sûr de Martin (Fiala). À nous deux, on a réussi à convaincre David Sem de venir et en très peu de temps, on a réussi à rendre cette nouvelle équipe Elite encore plus forte.

L’énergie dans le vestiaire était hallucinante, tout se passait bien et je savais que ça allait être une année spéciale.

Cette saison a été tellement dingue et ça pour tellement de raisons différentes ! La plupart des joueurs venaient de la N3 à la base. Les gars ont réussi d’année en année à élever leur jeu et leur niveau pour arriver jusqu’en Elite, ce qui m’avait plutôt impressionné à l’époque. Maintenant que je connais mieux l’univers du Roller Hockey français, je me rends compte à quel point c’est dur de réaliser une ascension de ce genre. Je dois dire que j’ai été assez surpris quand j’ai vu que les français s’entraînaient que deux fois par semaine. Heureusement, Garges nous a mis, Martin et moi, dans des conditions idéales. On avait de quoi faire et le temps pour s’entraîner à notre envie.

L’équipe était surexcitée, on était tous comme des gamins qui découvraient notre nouveau jouet. 3 nouveaux étrangers, l’arrivée de Baptiste Bouchut L’excitation était palpable.

Pour nous, c’était notre première année et on ne voulait pas faire juste de la figuration, on voulait aller décrocher quelque chose, on voulait réussir notre saison. Quand j’y repense, c’est cette énergie qui nous a portés tout au long de la saison. On finit deuxième dès notre première année. On s’est même permis de battre Rethel. C’était le climax de la saison ! Le pompon sur la Garonne ! On était les premiers à faire tomber Rethel en presque deux ans… La fierté était là, on avait réussi notre exploit ! On avait clairement réussi notre saison.

Malheureusement, les Playoffs ont eu un goût amer. On perd en demi-finale contre Angers pour pas-grand-chose.

Malgré tout, notre saison était excellente et on en a tous gardé des étoiles plein la tête…

Bulldog’s Factory

Fast forward à la deuxième saison, on avait l’envie d’aller tout gagner. On savait qu’on pouvait le faire et qu’on avait l’équipe pour le faire. Pourtant, ma deuxième saison a été un échec, autant pour moi que pour l’équipe. On perd en quart de finale contre Paris XIII. Je crois qu’on joue à peu près 4 matchs contre eux cette saison et on les gagne tous sans trop de difficulté, et là le match le plus important, on se trompe de match et on perd. Sans vouloir donner des excuses, la semaine d’avant je blesse Martin à l’entraînement et le jour d’après je tombe malade. 6 buts encaissés… Je n’étais pas fier de moi, vous pouvez me croire.

Bon après, Paris va jusqu’en finale et surtout, décroche un match trois. Leur place en finale, ils la méritaient !

2016-2017, ma troisième saison en France. Cette troisième saison fut plutôt un succès. Julien Thomas (l’un de mes meilleurs défenseurs) arrive de Rethel, Adam Pribyl arrive lui aussi pour jouer sa première saison en France. Maxime (Langlois) va jusqu’au bout de son potentiel et pour moi, il est clairement le meilleur joueur français. On joue la European League et on perd en finale contre Rethel. On va enfin en Finale de la Ligue Elite et on perd… Bon, ok, on perd, mais on perd en finale. On était quand même content de notre parcours. On en était fier. On savait très bien qu’il n’y avait plus qu’une marche, plus qu’une équipe à battre. On savait au fond qu’il nous fallait le match parfait pour remporter ce titre qu’on convoitait tant. L’expérience était là… 2 finales perdues contre Rethel. Il était hors de question d’en perdre une troisième…

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VH Shots

Juin 2018… Je suis Champion de la Ligue Elite. On a battu Rethel, enfin ! On est sacré Champion. Il nous aura fallu 4 saisons. Autant de saisons que l’ascension de Garges en Elite.

À l’intersaison, on a appris l’arrivée de Karl Gabillet dans notre équipe. Après Julien, c’était le deuxième joueur de Rethel à faire le saut. Maxime et lui se connaissaient déjà bien avec l’Équipe de France. Pareil, on savait qu’on pouvait gagner, on avait tous les éléments pour aller au bout de cette saison et on a réussi à le faire.

Cette coupe, ce championnat, on le voulait pour Hervé. Tout le monde s’est battu pour ce championnat. On voulait rendre fier Hervé. Il nous a donné notre chance à Martin et moi, et on l’a fait pour lui. On n’était pas les seuls. Julien, Karl, les Sorres, et ses enfants, Guillaume et Max. Voir ses larmes quand il a eu la coupe dans les mains, c’était magique…

Pourquoi Rethel ?

Personnellement, à la fin de cette saison, je me suis senti profondément fatigué. Avec les Roller Games à Nanjing, je venais de boucler deux calendriers entiers avec 7 compétitions majeures sans jamais prendre le temps de faire une pause. J’étais rincé. Et ce qui devait arriver, arriva. Blessure… La première sérieuse de ma carrière. Immobilisé pendant des semaines, j’ai dû faire une croix sur la Sparta 2018 et surtout, j’ai été contraint d’être forfait pour les Mondiaux 2018. Il fallait que je me fasse opérer et pour je ne sais trop quelle raison, tout a eu l’air de se compliquer… Il a fallu que je retourne en République Tchèque pour me faire opérer. Ça a tout repoussé et j’ai vu le début de saison s’éloigner de plus en plus. Je me suis senti un peu abandonner à ce moment-là… 

Avec Garges, on avait entamé les discussions de prolongation un peu avant la finale. Je voulais rester, j’étais prêt à rester pour moins. De l’autre côté, j’avais Rethel qui me faisait du pied. La première offre de Rethel, je l’ai refusé pour être honnête. On n’avait encore rien discuté avec Garges à ce moment-là. Ma blessure a un peu tout précipité. Garges est une équipe familiale, mais pas suffisamment professionnelle pour avoir les capacités et l’expérience de gérer ce qui m’est arrivé. En plus de ça, je savais plus ou moins que ça allait être compliqué pour Garges de nous garder tous et à un moment donné, Rethel est revenu à la charge. Cette fois-ci, je n’avais plus de raisons de refuser. J’ai accepté leur offre… 

Writenow Falun

Aujourd’hui, je suis un Diable, mais je n’oublie pas mes années passées à Garges. Hervé est l’une des plus belles personnes que j’ai rencontrées en France et dans ma vie. C’était un honneur de jouer pour lui et de remporter le titre pour lui. Il a eu un rôle de père pour moi, il a été mon papa à Garges. Je serai toujours là pour lui. Lui et sa famille, on était incroyable. Ils m’ont tellement aidé lorsque je suis arrivé en France. L’apprentissage de la langue, les coutumes françaises, tous ça, c’est grâce à eux. Je remercie aussi Guillaume qui nous a bien aidés au début. Je crois qu’on lui en a fait baver parfois avec Martin. Je veux remercier tous mes coéquipiers là-bas. Vous êtes un beau collectif, une belle équipe. Je veux remercier les fans, qui ont été présents à tous les matchs. Aujourd’hui certains d’entre vous, êtes mes amis et je tiens à vous. 

Maintenant, je me tourne vers mes prochaines saisons à Rethel, où j’y ai trouvé une deuxième famille et les gens y sont aussi parfaits et accueillants que vous.

Merci les Langlois, Merci Hervé… Merci Garges

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Daniel Brabec #41

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One comment

  1. Très beau témoignage Daniel. Merci !
    Je pense que ce qui est le plus important, et valable pour chacun d’entre nous, c’est de ne jamais oublier d’où l’on vient et savoir qui l’on est 🙂
    Bonne saison à toi

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